On entend par représentation le fait pour un élément du discours (appelé le représentant ou substitut ou suppléant ), de désigner un autre élément, quelconque (appelé le représenté ). Or, selon que le représenté appartient ou non au domaine linguistique , nous aurons affaire à deux sortes de représentation possible : soit la représentation d'un élément extralinguistique, soit la représentation d'un élément linguistique ( mot , syntagme , proposition , phrase …). Les linguistes parlent alors de coréférence :
« Le chat dort. Il ronronne. »
Les éléments linguistiques « le chat » et « il » sont des représentants. Le groupe nominal « le chat » représente le chat de la réalité extralinguistique (le chat dont je parle, le chat que je peux voir ou toucher…), tandis que le pronom personnel « il » représente le groupe nominal « le chat », élément linguistique, cette fois.
Si le représentant renvoie à un élément extralinguistique, la représentation est de nature référentielle .
Si le représentant renvoie à un élément linguistique, la représentation est de nature textuelle .
Parmi les différentes catégories de mots de la chaîne parlée, certaines, en plus de leur fonction syntaxique , remplissent une mission de représentation : pour l'essentiel, ce sont les noms , les pronoms et certains adverbes .
Parmi toutes ces catégories, on notera d'emblée le cas particulier constitué par les possessifs . En effet, les pronoms possessifs, mais également, les groupes nominaux déterminés par un adjectif possessif , sont susceptibles de renvoyer, non pas à un, mais à deux représentés distincts : d'une part, le possesseur , d'autre part, l'objet possédé :
« Ma voiture est en panne. Peux-tu me prêter la tienne ? »
Le groupe nominal « Ma voiture » renvoie à la fois à l'énonciateur (« je ») et à la voiture dont il est question. Le pronom possessif « la tienne » renvoie à la fois au destinataire (« tu ») et au nom « voiture », ce dernier désignant par ailleurs, une autre voiture.
La notion de représentation est une notion essentielle en linguistique et en grammaire . Elle permet, d'une part, de mieux cerner la différence entre la dimension du langage et la dimension extralinguistique, d'autre part, d'assurer la continuité et la progression du texte par des reprises nominales et pronominales.
Nom, représentant référentiel par excellence
On peut dire, que parmi toutes les catégories, le nom (ou, plus largement, le groupe nominal ) est la catégorie la plus apte à désigner le référent : en effet, une des missions du nom, et non des moindres, est de nommer la réalité (ou l'irréalité), la substance (n'oublions pas que les noms étaient jadis appelés substantifs ), c'est-à-dire les personnes et les choses que nous pouvons percevoir ou imaginer. Les linguistes parlent volontiers à ce propos de la « fonction référentielle du nom ». Il s'agit pour l' énonciateur , d'utiliser des expressions capables d'isoler (afin de l'identifier) un référent, à l'exclusion d'autres.
Précisons cependant au préalable que tous les noms ne peuvent accéder au référent. Les noms abstraits par exemple, ( la bonté, la méchanceté, l'intelligence, la bêtise …) ne le peuvent pas :
François est d'une très grande intelligence.
Seul le nom propre « François » renvoie à un référent. Le nom « intelligence » est un mot abstrait ne renvoyant qu'à du sens et pas à un référent (= « François est très intelligent »).
Nécessaire actualisation du nom
Mais, pour que le nom puisse effectivement donner accès au référent, pour qu'il soit en mesure de pointer vers la réalité extralinguistique, pour qu'il puisse effectivement exercer sa mission de représentant référentiel, en un mot, pour que le référent soit clairement identifié, il est nécessaire que le nom soit actualisé , et ce, principalement au moyen des déterminants :
« Les fleurs qui sont sur la table sentent bon. »
Les noms « fleurs » et « table » sont actualisés par les articles définis « les » et « la ».
Donc, seul un groupe nominal actualisé permet d'identifier le référent, à condition toutefois que soit précisée la situation d'énonciation . Par exemple, les référents de la phrase précédente ne pourront être identifiés que si la situation d'énonciation est connue, faute de quoi, on va se demander de quelles fleurs et de quelle table il s'agit, etc.
Normalement, un nom employé sans déterminant n'est donc pas actualisé : il reste virtuel, c'est-à-dire, qu'il possède bien un sens (tel qu'on peut le trouver dans le dictionnaire , par exemple), mais que son référent est totalement indéterminé .
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